La Coopérative des agriculteurs biologiques de Leitrim

La Coopérative des agriculteurs biologiques de Leitrim a été créée en 1998 avec pour objectifs de développer des marchés pour les produits de ses membres et de fournir une éducation et une formation. Depuis lors, la coopérative n’a cessé de se renforcer, tout comme ses membres.

Nous avons été ravis que John Brennan, de Leitrim Organic Farmers, nous rejoigne à l’occasion de la semaine d’apprentissage virtuel Kus Kus et qu’il nous parle des nombreuses voies d’accès au marché que la coopérative promeut et offre à ses membres.

KUS ALLIANCE IRELAND célèbre les producteurs locaux

Le 17 février 2020, les membres de l’Alliance KUS se sont réunis en force au Food Hub, à Drumshanbo, pour célébrer les producteurs alimentaires locaux de Taste Leitrim.

Lors de la réunion, Orla Casey de Momentum, partenaire du projet KUS KUS et membre de KUS Alliance Ireland a présenté le projet KUS KUS aux nouveaux membres de l’Alliance.

Noel McPartland, de Bo Peep Preserves, a parlé de la valeur du patrimoine culinaire et de l’héritage de la fabrique de confitures de Drumshanbo.

Membres de Kus Alliance Ireland et de Taste Leitrim – Fergal, Orla et Joe

Nous avons appris à connaître de nombreux producteurs locaux intéressants, tels que 12 Quail Farm

Orla Casey, de Momentum, présente le projet Kus Kus.

Cet événement a permis d’explorer le potentiel de l’alimentation locale.

Les sauces Chef Sham produites localement étaient exposées lors de l’événement.

KUS ALLIANCE IRELAND célèbre BOXTY

Dans le comté irlandais de Leitrim, le boxty est une spécialité alimentaire locale légendaire, la “cuisine du monde” de l’Irlande. Les recettes secrètes du boxty ont été transmises dans les familles de génération en génération, tandis qu’une nouvelle cohorte d’entrepreneurs a développé de petites entreprises de production alimentaire créant des emplois précieux. Le boxty est également une offre clé pour différencier l’expérience du tourisme alimentaire de la région. Ainsi, le boxty fait partie du patrimoine gastronomique de l’Irlande.

En octobre 2019, dans le cadre du nouveau programme ” Taste the Island ” de Fáilte Ireland visant à célébrer le secteur irlandais de la nourriture et des boissons, l’Alliance KUS KUS Ireland a travaillé avec des acteurs de l’éducation à l’entrepreneuriat pour adultes et des acteurs de l’agroalimentaire et de la culture pour présenter le boxty à un large public lors d’un événement promu sous le nom de Leitrim Boxty Festival. Notre vidéo capture l’énergie et l’amour d’une nourriture simple mais véritablement authentique du peuple.

Vous pouvez également consulter notre galerie du festival Leitrim Boxty ici, voyez si vous pouvez repérer des visages familiers !

Les aliments voyageurs

A l’instar des êtres humains, les aliments n’ont cessé de voyager à travers les époques et les continents. Le sujet est à ce point riche que la Chaire Unesco Alimentations du monde lui a consacré un colloque en 2018. Damien Conaré, son secrétaire général, est venu donner une conférence sur ce même thème lors de salon de l’Agriculture Nouvelle-Aquitaine le 7 juin 2019. Un sujet on ne peut plus d’actualité pour un sujet on ne peut plus intéressant pour les membres de la Kus Alliances présents.

« Parler d’alimentation c’est parler de grand brassage »

Damien Conaré

« Manger le monde » est une expression qui pourrait résumer à elle seule le métissage des aliments avec lequel nous vivons depuis des siècles. Ainsi, selon une étude du Centre international d’agriculture tropicale datant de 2016, les deux-tiers des aliments que nous consommons sont originaires d’autres régions du monde. Il semble donc bien que le monde entier se niche dans nos assiettes !

Un métissage fruit d’une longue histoire

Ce métissage alimentaire n’est pas nouveau. Il est en effet le fruit d’une longue histoire de migrations humaines, de conquêtes, de grandes découvertes et d’échanges commerciaux au sein desquels les produits agricoles et alimentaires ont toujours tenu une place importante.  Songeons par exemple au commerce des épices qui, depuis la haute Antiquité, a enrichi Égyptiens, Grecs, Arabes ou Portugais. Souvenons-nous des Hollandais qui, aux XVIIe et XVIIIe siècles, se sont taillés un empire maritime et économique à travers la Compagnie des Indes orientales. En la matière, les voyages des plantes et la transformation de nos habitudes du petit-déjeuner sont des exemples particulièrement éclairants…

Les voyages des plantes

Presque tout le monde connaît l’histoire de la tomate, de la pomme de terre ou du maïs originaires du « Nouveau Monde », et apportés en Europe par les Espagnols. On sait moins en revanche que de très nombreuses autres plantes vivrières ont changé de continent à partir du XVIe siècle, bouleversant les habitudes alimentaires et les pratiques agricoles.
Cette première mondialisation est essentiellement le fait des navires portugais de la ligne des Indes qui disséminaient graines et plants aux escales de Madère, des Açores, du Brésil, de São Tomé, de l’Angola, du Mozambique, de Goa, de Malacca ou de Manille. C’est ainsi que les plantes typiquement asiatiques comme le cocotier, le manguier, les orangers doux, se sont rapidement retrouvées en Afrique occidentale et aux Amériques. À l’inverse, de nombreuses plantes américaines comme l’ananas, l’arachide, la citrouille, la goyave, les noix de cajou se sont implantées sur les deux autres continents. Parmi elles, le piment, inconnu en Asie, a très tôt été introduit à Goa où il a bouleversé les pratiques alimentaires ; ou encore le manioc, introduit à São Tomé dès 1550 pour devenir rapidement la première ressource vivrière du continent. L’Afrique, quant à elle, a exporté quelques plantes d’importance comme le café, la pastèque ou le palmier à huile. La canne à sucre, d’origine asiatique, a connu dès le XVe siècle une exploitation quasi industrielle à Madère, à São Tomé, puis au Brésil. Ces plantes voyageuses ont parfois amené des transformations dans la manière de s’alimenter comme en témoigne l’histoire du petit déjeuner européen.

Le monde dans nos tasses

C’est au XVIIIe siècle que les Européens prennent progressivement l’habitude d’un « petit-déjeuner » organisé autour de boissons chaudes issues de matières premières d’origine tropicale : le thé (venu de Chine), le café (venu d’Afrique) ou le chocolat (venue d’Amérique), trois boissons chaudes servies le plus souvent avec du sucre venu d’Outre-mer.

À la fin du XVIIe siècle, les catégories sociales européennes les plus aisées découvrent thé, café et chocolat. Au XVIIIe siècle, leur consommation, en particulier matinale, se diffuse dans les milieux populaires, puis beaucoup plus largement encore au cours du siècle suivant. Un engouement qui nécessite de développer la production… à travers principalement l’esclavage. Cela fait dire à Damien Conaré que le petit-déjeuner tel que nous le connaissons aujourd’hui n’est pas sans rapport avec les inégalités dans le monde…

La pizza ou la conquête des tables du monde

Si des produits comme le thé, le café ou le chocolat ont conquis le monde, il est un plat venu du sud de l’Italie qui s’est imposé lui aussi presque partout. Née à Naples aux alentours du XVIe siècle, la pizza a connu au XXe siècle, et plus particulièrement après la Seconde Guerre mondiale, une diffusion universelle. Aux Etats-Unis, elle est même devenue l’une des nourritures quotidiennes les plus consommées. Ironie du sort, elle revient aujourd’hui en Europe et en Italie sous des formes américanisées !
L’histoire de la diffusion et de l’appropriation de la pizza à travers le monde fait dire à Damien Conaré que « même mondialisée, la pizza n’efface pas les frontières et les identités particulières ». Elle est en cela un cas d’école pour comprendre les mécanismes culturels des emprunts et des processus d’influence réciproque.

La transmission culinaire avec Grandmas project

Si les emprunts sont une dimension importante de notre alimentation, la question de la transmission est aussi capitale comme en témoigne le projet Grandmas. Tout est parti il y a une dizaine d’années de l’expérience personnelle de Jonas Pariente, réalisateur et producteur. Il prend conscience que c’est par la cuisine que ses deux grands‐mères (l’une juive égyptienne, l’autre juive polonaise) lui ont transmis leur identité. Pour comprendre sa triple culture (française, slave et méditerranéenne), il décide de les filmer en train de cuisiner : ingrédients, épices, recettes, gestes…, puis décide de partager son expérience avec d’autres citoyens du monde en leur proposant de filmer à leur tour leurs propres grands-mères en cuisine. On est en 2013 et la web-série participative Grandmas project commence ! On y trouve la recette du Soufflé au fromage par Yaya filmée par Chloé Ledoux (France), celle de l’Ajvar par Marta Dilparić filmée Ivana Barišić (Serbie et Pays-Bas) ou encore le Marillenknödel par Mamé filmée par Mona Achache (France-Autriche). Au total plus de vingt films qui racontent la transmission par la cuisine… et l’aventure se poursuit toujours !

La cuisine pour rester connecté à son identité avec le projet Tawlet

Autre exemple de transmission mais aussi d’expression de son identité par la cuisine, le projet libanais Tawlet qui rassemble des femmes migrantes ou réfugiées venues du Liban, de Palestine et de Syrie. En 2009, Kamal Mouzawak, qui se définit lui-même comme un « activiste culinaire », initie ce projet à Beyrouth. Il s’agit d’un restaurant où des femmes de différentes régions et pays viennent cuisiner leur plat traditionnel. « La cuisine, c’est tout ce que ces femmes rapportent avec elles de leur pays. Elles viennent de régions différentes et ce projet leur permet de se recréer une identité nationale autour de la cuisine et de perpétuer les traditions culinaires de leurs régions », explique Kamal Mouzawak pour qui ce projet vient compléter un engagement de longue date autour de « la cuisine qui rassemble ».

Rien ne circule ni ne voyage sans être transformé 

Ainsi, le voyage des aliments, la migration des hommes et des femmes qui les cuisinent ont façonné et façonnent encore un monde riche d’hybridations, d’emprunts réciproques et de recompositions identitaires autour de l’alimentation. Pour Damien Conaré, « rien ne circule ni ne voyage sans être transformé ». Un avis partagé par Laurence Tibère, sociologue à l’Université de Toulouse pour qui, non seulement les aliments voyagent mais également les manières de les cuisiner et de les manger. Adaptations, hybridations et inventions sont au cœur de la cuisine… et pour longtemps encore.

Pour aller plus loin

Chaire Unesco Alimentation du monde : https://www.chaireunesco-adm.com/

Programme complet du colloque Les Aliments voyageurs : https://www.chaireunesco-adm.com/2018-Les-aliments-voyageurs

Grandmas project : grandmasproject.org

Projet Talwet : https://www.youtube.com/watch?v=aZu1t9SDpX8

© Sonia Moumen (rapporteuse des échanges) pour Champs Libres membre de Kus Alliance France.